Ne cherchez pas plus loin, le dynamiteur de cette pré-rentrée, c’est lui. Avec son roman, Les Meufs c’est des mecs bien, Mourad Winter enchaîne les vannes, les punchlines et les provoc’. Mais dans quel but précisement ?
L’uppercut de l’année ? Auteur, ancien stand-upeur et bientôt réalisateur, Mourad Winter, 36 ans, vient de sortir Les Meufs c’est des mecs bien. Son écriture est rythmée par les punchlines, les références politiques, le rap et les jeux de mots. Wourad, anti-héros qui incarne le personnage principal, nous partage la petite voix qui se trouve dans sa tête. Elle nous parle de religion, d’adultère et de la limite entre fantasme et sexe, de potes un peu fous et aussi de mariage… Bref, de tout ce qui rythmera nos étés !
Tu as sorti ton premier roman L’Amour, c’est surcoté aux éditions Robert Laffont en 2021. Ton second, Les Meufs c’est des mecs bien, sort aux éditions Clique, la maison montée par Mouloud Achour. Comment la connexion s’est-elle faite ?
Mourad Winter : Par des amis en commun. J’ai appris que Mouloud Achour s’intéressait à ce que j’écrivais, mais il était persuadé que j’avais déjà signé ailleurs pour le deuxième. Ce qui n’était pas le cas ! On a donc échangé là-dessus pendant trois mois, le feeling est bien passé, et ça m’a paru logique de signer avec lui. Il me comprend, je suis un peu plus jeune que lui, mais nous sommes dans les mêmes délires, je me sens proche de sa façon de voir les choses et d’agir, et je me suis dit que c’était mieux d’aller vers quelqu’un qui comprend mon écriture.
Les Meufs c’est des mecs bien évoque l’adultère, l’amour et la religion de manière satirique. Quel a été le point de départ pour ce roman ?
C’est l’histoire d’un garçon maghrébin, Wourad, la trentaine, parisien, et qui n’est pas trop dans la religion, il mange juste halal. Il fait le strict minimum, religieusement parlant. Il est en couple depuis deux ans avec une fille, Adélaïde. Un jour, elle va lui apprendre qu’elle se convertit à l’islam et qu’elle compte porter le voile. Là, c’est un changement de vie, de paradigme.
Comment ça ?
On se rend compte de la difficulté d’être une femme voilée en France et aussi de ce que ça implique pour Wourad. Parce qu’il y a toujours ce fanstasme de l’homme musulman, magrébin, qui force sa femme à mettre le voile. Moi, dans mon quotidien, tous mes amis qui sont en couple et qui ont une copine qui ont mis le voile, c’est eux les plus dérangés par l’acte. Je me suis dit que ce serait une bonne idée d’aborder ce sujet.
Et ce personnage principal, Wourad, c’est Mourad?
Pas tout le temps ! Je m’amuse avec le M et le W, parce que c’est un livre avec un point de vue omniscient donc il y a des réflexions qui viennent à 100 % de moi et d’autres non. Je me suis dit que c’était peut-être un anti-héros que j’allais mettre en valeur. Il tient des propos très graves, mais je pense qu’on a tous en nous une part un peu sombre et mon personnage offre la possibilité de le découvrir.
Tu écris de manière à bousculer la langue française, à la San Antonio mais dans un monde mâtiné de références hip-hop.
Je veux que ce soit le plus vrai possible. Que ce soit ma petite voix, mais aussi celle de tout le monde. Que lorsque j’écris, ce soit contemporain et qu’on se sente proche du personnage. Il faut absolument qu’on se dise : « Mourad, ça aurait pu être mon ami ». Que ce soit une bonne personne ou non, ça aurait pu être votre ami. La façon dont j’écris a poussé certains à le voir comme étant un bouquin de banlieue. Alors qu’il est générationnel. Il a été lu de 15 à 70 ans. Les correctrices des éditions Laffont, qui sont des dames de 70 ans, m’ont envoyé un courrier pour me féliciter. La curiosité fait qu’il est lu.
Elles ont peut-être aimé ce côté San Antonio / Frédéric Dard.
On m’en a parlé. Quand j’ai signé le premier roman avec Laffont, la directrice de l’époque, Sophie Charnavel, m’avait justement parlé de San Antonio, je ne connaissais pas du tout. Puis j’ai regardé et j’ai compris la connexion. J’ai trouvé ça génial, parce que je me suis rendu compte que je n’avais rien inventé, ça rend humble. Par exemple, Frédéric Dard a fait une centaine de livres, c’est donc qu’il y a des gens qui ont envie de lire des blagues. La lecture ça a toujours été ça : la possibilité de faire beaucoup avec rien du tout.
Dans ton roman, on trouve de nombreuses punchlines. Quelles sont tes références ?
Mes influences au quotidien sont le rap, la musique, le foot c’est des thèmes qui ont bercé mon enfance et qui continuent de me parler. Dans l’écriture il y a des influences via les réseaux sociaux, dans la rapidité de transmettre des informations et de donner une image en même temps, d’être le plus concis possible. Ce rythme a construit mon écriture. Mais il n’y a pas de références particulières. Ce que j’aime, c’est ma ligne directrice : toujours être dans la blague et je trouve que le rap peut être très marrant et que ça se lie vraiment à l’écriture.
Tes serials-vanneurs préférés dans le rap ? .
Booba est très doué. Ça peut aussi être des textes qui vont me faire rire de par leur violence, de par la folie du personnage, mais j’ai beaucoup de recul sur le rap, je sais que rien n’est réel.
« LE RAP M’A INSPIRÉ, ET M’INSPIRE ENCORE… »
D’ailleurs, tu touches des royalties sur la chanson « La Quête » de Orelsan, où il dit « L’amour, c’est surcoté » ?
Ah ah ! Je mets ça sur un concours de circonstances. Je ne pense pas qu’il l’ait lu. J’ai un autre ami qui en a aussi parlé dans une chanson, Tif. Le rap m’a inspiré, m’inspire encore, il y a une sorte de boucle, et c’est cool.
La rentrée littéraire du monde de l’édition démarre dans deux mois. Que t’inspire-t-elle ?
Ce n’est pas mon but d’en faire partie, car je pense que les personnes qui me ressemblent lisent un livre par an et c’est pendant l’été. Parce que le reste de l’année on a moins de temps, on est pris par les réseaux sociaux, les plateformes, le cinéma, les enfants, la vie quoi ! Je sais que ce livre va se lire cet été sur la plage, donc je le sors avant. Je veux faire lire ceux qui ne lisent pas.
La suite ?
Il y a l’adaptation du premier livre L’amour, c’est surcoté en film (qu’il réalise en ce moment avec Malik Bentalha et Laura Felpin dans les premiers rôles, ndlr). C’est du travail ; réalisateur, c’est autre chose ! Passer d’être seul dans sa chambre à écrire une histoire de toutes pièces, avec un avion ou alors une fusée à le produire, ce ne sont pas les mêmes budgets.
Mais vous avez réussi avec Iconoclast.
Oui, c’est une bonne maison de production avec qui on devrait aussi faire Les Meufs c’est des mecs bien. Et on est en train de voir pour monter une pièce de théâtre avec Mouloud Achour. Il y a donc beaucoup d’actualités et il faut réussir à jongler avec toutes les propositions… Il faut rester vigilant !
Les Meufs c’est des mecs bien (Éditions Clique, 336 pages, 20€ )
Entretien Anaïs Dubois & Laurence Rémila
Photos Axel VanHessche & Arnaud Juhérian
Author: Kimberly Garcia
Last Updated: 1699630681
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